Texte d'Anne Corté en dialogue avec Julien Frégé
Mise en scène et interprétation Julien Frégé
Création costumes et scénographie Elizabeth Saint-Jalmes
Regard chorégraphique Fanta Tounkara
Regard extérieur Nadège Cathelineau
Accompagnement & formation Sébastien Brochot CRIAVS IdF, Jean-Charles Pettier
Le dispositif 4 x 4
Demander à un auteur d’écrire un texte, un texte qui s’inspire d’un lieu commun à tous les territoires : un vestiaire, un banc public, une fenêtre du premier étage, une salle de conseil municipal... Voici le point de départ de notre 4 X 4.Ce texte inspirera la création d’une forme théâtrale pensé par 4 collaborateurs artistiques : l’auteur.rice, le.la metteur.se en scène, le.la comédien.ne, le.la technicien.ne. Ce 4 X 4 sera créé en immersion dans un territoire partenaire, l’équipe artistique s’appuiera sur des temps d’échanges avec les habitants de ce territoire pour nourrir le projet. La mission est de créer 44 minutes de spectacle.
Quelle histoire pourrait naître dans une salle des mariages ou un gymnase ? Comment le metteur en scène investit une bibliothèque ou un garage municipal ? Quelle musique habitera la salle de classe ou la cantine municipale ? Quelle scénographie résonnera dans une salle des fêtes ou la salle des archives ? Comment mettre en lumière la salle du conseil municipal ou celle des profs au collège ? Comment les comédiens prennent la parole dans une église ou un bar ?
UN SPECTACLE EN DEUX PARTIES
Le spectacle, créé pour être joué dans une salle de classe de collège, est construit en deux parties : la première « L’aveu » et la deuxième « Le conseil ». La première partie est celle de la représentation théâtrale et la deuxième partie celle d’une réflexion collective structurée où sont partagés des outils concrets permettant de mieux appréhender les cas de violences sexuelles (plan de prise en charge et d’accompagnement de la victime et des agresseurs, personnes ressources ou organismes compétents, outils et actions de prévention, analyses des causes et conséquences).
Le rythme du spectacle étant celui du collège, chacune de ces deux parties se vit entre deux sonneries de cours et dure 50 minutes.
PARTIE 1. L’AVEU
Imagine… le collège, une sonnerie qui retentit, le chahut des couloirs et puis le silence d’une grande salle de classe.
Là, dans un coin, il attend les autres pour avouer. Pas facile de délier sa langue et d’affronter le jugement des autres. Alors, pour commencer, il raconte qui il est. Il se remémore le choc de l’entrée au collège, aborde la mutation de son corps d’adolescent, l’apparition de nouveaux désirs, de nouvelles angoisses, ses pulsions de violence et sa soif insatiable de liberté.
Il a 13 ans, l’âge qui brûle, le corps et l’esprit en feu et ce mal(e) incandescent qui consume de l’intérieur. Entre la peur et l’urgence de dire, l’envie de fuir la réalité et son sentiment de culpabilité, il chemine avec l’aide du groupe dans la prise de conscience de la gravité de son acte, et finit par avouer.
C’est ici qu’il a cédé à la pression et à l’injonction du groupe pour franchir la limite du corps de l’autre. C’est ici qu’engrainé par d’autres, il a touché les seins d’une de ses camarades, sans son consentement.
PARTIE 2. L’ÉCHANGE
Maintenant il a besoin de ses pairs pour comprendre ce qu’il doit faire.
La représentation laisse place à un temps d’échange, un espace de réflexion collective, qui permet aux adolescent•es de réagir sur les sujets soulevés :
Comment accompagner les protagonistes de l’histoire, victime et agresseurs ?
Comment questionner la binarité agresseur/victime ?
Comment faire justice entre justice « punitive », « restaurative » et « transformative » ?
Quelles sont les causes et les conséquences de ces violences sexuelles ?
Comment lutter contre une masculinité toxique ?
Comment se responsabiliser dans nos paroles et nos gestes ?
Autant de questions qui, abordées avec les adolescent•es, leur donneront les outils pour analyser leurs comportements relationnels et prendre soin des autres que ce soit dans les rapports qu’ils entretiennent au sein de leur établissement scolaire ou à l’extérieur.
L’adolescent•e est un•e mutant•e, un être hybride et polymorphe dont l’état de crise, constitutif de son développement physique et mental, m’interroge depuis de nombreuses années. L’adolescence a, pour moi, une dimension intrinsèquement transgressive, se cristallisent en elle tous les maux de notre société. Cette transition entre l’enfance et l’âge adulte est un nouveau champ des possibles qui semble infini pour l’être en construction, mais c’est aussi un terrain de jeu inconnu, complexe et semé d’embûches. Dès l’entrée en sixième, le collège devient le principal environnement dans lequel vit et évolue l’adolescent•e. C’est dans cet espace que se poursuit le processus de socialisation et que se vit la métamorphose de la puberté.
Dans JNOUN j’ai souhaité me focaliser sur la construction de l’identité de genre d’un garçon dans l’environnement du collège, sur son cheminement entre injonctions à la virilité, découverte de la sexualité et masculinité toxique. Et à travers son prisme, interroger les rapports de domination entre les garçons et les filles qui s’ancrent dans l’enceinte du collège ainsi que la violence qui en émane.
Le texte, écrit par Anne Corté en étroite collaboration avec des collégien•es dans différents établissements, porte la langue des ados d’aujourd’hui, avec son rythme, ses sonorités, sa physicalité, il est chargé de l’ambiance et de l’atmosphère du collège.
Comme la langue, le corps du personnage est en perpétuel mouvement, en danse, en transe, sujet aux pulsions qui le débordent. Le jeu est direct, brut, sans détours et la théâtralité épurée.
La salle de classe, aménagée de manière inhabituelle offre un espace qui invite les élèves à écouter, s’investir et se responsabiliser. Ici, il n’y a plus de chaises, seulement des tables qui se déplacent, font avancer le récit, métamorphosent la salle de classe et font voyager du collège à l’appartement familial, de chez le rappeur JUL à une voiture abandonnée. Ici, tout incite à se questionner sur les notions de responsabilité individuelle et collective et à prendre conscience de l’importance de ses choix.
Julien Frégé
Production Les Tréteaux de France, Centre dramatique national en partenariat avec le Groupe Chiendent
Coproduction
Centre dramatique national Normandie-Rouen
Maïf Social Club
Anne Corté
Anne Corté fabrique des spectacles comme on prépare des surprises. Ses spectacles ont en commun une fascination pour les multiples qui constituent le réel et un certain type d’humour, entre malaise et tendresse. Elle joue régulièrement Autokèn, un solo multipiste et finalise Pasta Realtà, un dialogue amoureux dans un laboratoire de chimie. Son travail est accompagné par Actoral à Marseille.
Elizabeth Saint-Jalmes
Elizabeth Saint-Jalmes obtient son DNSEP en 2000; Elle entre dans le monde professionnel par le biais de la danse contemporaine pour laquelle elle réalise des sculptures à activer par le corps.
Elle devient scénographe et costumière dans le spectacle vivant tout en développant ses installations et dispositifs, en galerie, en centre d’art, en théâtre et dans diverses institutions et festivals en France et à l’étranger. Elle utilise différents médiums ( couture, dessin, céramique, aliment...) via une écriture qui est tenue par ce qu’elle appelle une « tenségrité relationnelle ».
fanta tounkara
Fanta est une artiste danseuse chorégraphe qui prône la pluridisciplinarité et s’inscrit comme une des figures incontournables de la scène normande, région où elle lance avec Steve Bash son nouveau concept Style and Feeling à Rouen. Elle développe de nouvelles activités et poursuit l’enseignement en Street Jazz et Dancehall. Elle crée son propre style et propose son univers hybride lors de stage en France et à l’étranger comme Dubaï, le Brésil et la Suisse. Danseuse – interprète, elle intervient dans des nombreux projets comme les clips pour les groupes de kassav’ et Bob Sinclar, Vivi (Chanteuse asiatique) ou pour des événements en Jamaïque comme le « Queens of Reggae » ou encore pour l’humoriste Florence Foresti.
Forte de ses nombreuses expériences ainsi que de son bagage artistique, aujourd’hui Fanta dirige sa propre compagnie M.F. (Maux/ Mots de Femmes) avec laquelle elle proposera sa première pièce » Kuma « .