De Simon Grangeat
Mise en scène Olivier Letellier
Scénographie textuelle Studio Plastac et Colas Reydellet
Univers sonore Antoine Prost
Équipe de jeu en alternance Maud Bouchat, Antoine Boucher, Guillaume Fafiotte, Nicolas Hardy, Chloé Marchand, Geoffrey Perrin
Équipe de création Guillaume Fafiotte, Samuel Garcia-Filhastre, Martina Grimaldi, Camille Laouénan, Guillaume Leturgez, Jonathan Salmon
Dispositif
À travers un dispositif hybride, déambulatoire, théâtral et plastique, nous voulons transmettre le plaisir des mots, le désir de lire, l’audace de dire mais aussi l’importance de s’engager. Car ce récit n’a lieu que si chacun amène sa voix, sa présence, son caractère pour lui donner vie.Le rapport physique au texte est une donnée essentielle de notre recherche artistique. Lorsque nous nous sommes interrogés sur la manière de communiquer au spectateur ce rapport sensoriel à l’écriture, nous avons tout de suite imaginé déplacer la lecture. En faisant de cette occupation trop souvent considérée comme solitaire et silencieuse, une activité collective et ludique, pratiquée de vive voix avec le corps en mouvement. Déplacer la lecture revient aussi à la sortir d’un cadre attendu, prouver son omniprésence afin qu’elle puisse déplacer le lecteur même, en lui faisant redécouvrir des lieux familiers ou méconnus, en bouleversant son rapport au texte.
Dans un lieu – un théâtre, un lieu patrimonial, un établissement scolaire, une entreprise – un comédien devient guide pour un petit nombre de participants. Il devient lecteur d’un texte théâtral exposé sur un parcours scénographié et typographié pour être lu collectivement. Le comédien-guide-lecteur se fait enfin passeur, lorsqu’il invite peu à peu chaque participant à prendre part – seul ou en choeur –, à lire et à endosser un rôle, passant du statut de spectateur à l’état de lecteur, acteur de l’expérience, en immersion dans le texte. Les mots se retrouvent partout, sur les murs, une carte, un t-shirt ou dans le creux de la main dans ce parcours théâtral et visuel.
Dans La Mare à sorcières, on rencontre Pierre, qui habite à la campagne et qui connaît par coeur le moindre caillou, la moindre brindille, le moindre insecte. Il y aura aussi Nina qui a beaucoup voyagé, mais la campagne, elle n’y connait rien. Cela ne l’empêche pas d’être curieuse, de poser des questions, et de s’enfoncer dans la forêt, malgré les conseils de Pierre de ne pas y aller toute seule. Il y aurait là une mare, et dans cette mare, des sorcières. Mais cela n’effraie pas Nina, au contraire...
Pour ce nouveau KiLLT, j’ai eu envie de partager à voix haute le texte de Simon Grangeat, La Mare à sorcières, avec des élèves de primaire. Envie de leur faire vivre, par la lecture collective, une histoire d’amitié qui se forge au fil d’une aventure comme on en rêve dans l’enfance. Une aventure qui nous conduit à vaincre certaines peurs, qui nous fait grandir et qui, aussi, nous émerveille. Cela passe par le texte, mais également par le dispositif du KiLLT qui fait littéralement entrer les élèves dans l’histoire via des cachettes et de multiples surprises telles que peut en réserver une forêt dans laquelle on ose se risquer. Le texte est donc mis en scène visuellement, invitant les élèves à entrer dans le récit et à en devenir les héros.
Pierre – le narrateur – et Nina – lue par la classe – proviennent de deux univers différents. Ils se jaugent, mais tombent d’accord pour défendre la mare à sorcières face aux adultes. Leur engagement en faveur d’une même cause transcende leurs différences : la mare mystérieuse scelle leur amitié et leur solidarité. La fiction infuse alors subtilement le réel, grâce au dispositif qui instaure une véritable connivence entre le comédien et la classe, mais aussi entre les élèves. Les voici tous embarqués dans l’aventure, soudés, partageant le même désir de protéger cette mare à sorcières.
En leur offrant la possibilité de prononcer certaines phrases, nous leur donnons le pouvoir de faire avancer le récit et potentiellement de changer le cours des choses. Pour moi, c’est l’une des forces de ce KiLLT : que des enfants prononcent à voix haute et s’approprient des propos engagés qui sont, par extension, de nature politique. Chacun à leur tour, les élèves expriment une même sensibilité écologique pour épargner la nature de la folie des Hommes. À travers les mots ciselés de l’auteur, ils portent la voix de leur génération et prennent d’ores et déjà leurs responsabilités pour préserver leur avenir : notre environnement.
D’un point de vue scénographique, ce KiLLT ressemble à une forêt de mots : une proposition artistique et poétique forte qui accueille littéralement l’histoire. Une célébration du mot par son pouvoir d’imaginaire – à rebours des textes de notre quotidien, voués à la signalétique, à la publicité et par là aux injonctions de consommation. Cette forêt cache bien son jeu, et les secrets du dispositif se révèlent au fur et à mesure que l’histoire avance. Les lecteurs agissent pour découvrir la suite du texte : invités à s’immerger dans la scénographie, ils vivent des sensations parallèles à celles de l’héroïne qu’ils incarnent. Leur corps est embarqué dans cette expérience ludique : de lecteurs engagés, ils deviennent acteurs.
Au terme du récit, l’espace s’est métamorphosé : on le sent habité par l’expérience vécue, comme un reflet de ce que chacun a vécu intérieurement. Les images mentales qui ont surgi au fil du récit flottent autour de chaque astuce scénographique désormais révélée. Si les deux protagonistes du récit ont évolué, le groupe de lecteurs n’est pas en reste : ils ont partagé une expérience inédite, vécu une histoire d’amitié et de solidarité. Tous sont tous arrivés au même point... final. Chacun ressort grandi de l’aventure vécue collectivement et intimement à travers Nina. Et, l’air de rien, chacun a éprouvé un immense plaisir à lire à voix haute un livre entier : lorsque le comédien leur tend l’ouvrage à la fin du KiLLT, leurs regards, dans lesquels se mêlent étonnement et fierté, ne trompent pas.
Olivier Letellier
Production Tréteaux de France, Centre dramatique national
Camille Laouénan
Camille Laouénan a été sensibilisée très jeune aux arts-plastiques. Après sa Maîtrise d’arts-plastiques, son DESS rattaché aux Sciences de l’éducation, une expérience d’accompagnement social et un séjour au Mexique, elle décide de se consacrer à la rencontre des œuvres et des publics. Son intérêt pour le théâtre contemporain l’amène en 2007 au Théâtre L’Échangeur, où elle a carte blanche pour proposer, en relation avec la programmation, ateliers et projets originaux aux différents publics de Bagnolet.
Sur ce même territoire, elle initie, à partir de 2017 avec Florence Hinneburg, un dispositif singulier autour des arts plastiques : Sur le motif. Elles installent un espace de création pour les visiteurs au cœur même des expositions présentées au Château de l’Étang de Bagnolet.
Après plusieurs éditions, elles poussent l’expérimentation vers la création d’expositions collaboratives, où elles invitent d’autres artistes à accompagner les réalisations des Bagnoletais. À cette même période, elle rejoint l’équipe d’Olivier Letellier comme Responsable de projets artistiques. Camille diversifie les propositions d’ateliers et parcours, en associant au théâtre d’autres disciplines. C’est dans cette dynamique, qu’elle accompagne Olivier dans sa réflexion autour de la lecture à voix haute et la création du dispositif KiLLT.
Colas Reydellet
Colas Reydellet est né en 1981. Il vit et travaille à Paris.
Après des études d’arts et de cinéma, il se passionne pour la lumière et la scénographie. Éclairagiste ou scénographe pour de nombreuses compagnies de théâtre, il collabore également en tant que plasticien avec différentes institutions dans le cadre d’expositions ou spectacles.
Depuis une dizaine d’année, il accompagne les créations d’Olivier Letellier en scénographie / création lumière / régie générale / construction…
Maud Bouchat
Antoine Boucher
Antoine débute le théâtre et la musique dans l’atelier d’improvisation de son collège et en prenant des cours de piano. Il passe le BTS de photographie du lycée Auguste Renoir. Après l’obtention de son diplôme, Antoine intègre l’école Claude Mathieu pour 3 ans de formation et débute la trompette.
Sorti en novembre 2016, il a joué Croisades au théâtre de Ménilmontant, Le petit prince au théâtre de la Boussole, Bouli Miro au Local de Belleville et à l'espace Sorano, Gardarem et Le Prince à la main d'or en tournée dans les Cévennes et à Aurillac. Il a intégré la Limone, ligue d'improvisation montrougienne, y donne des cours et est intervenu en milieu scolaire autour des spectacles d'Olivier Letellier. Il tourne aussi dans les écoles franciliennes avec le spectacle Rudolph : un conte musical de Noël les mois de décembre, depuis 3 ans. Il a joué le spectacle Les trois cheveux d'or du diable au théâtre du Funambule de décembre à mars 2022.
Enfin, il travaille pour la compagnie Un dernier pour la route, depuis juin 2021, notamment sur les spectacles La noce et Robin des bois.
Guillaume Fafiotte
Après une première formation à l'Ecole Régionale d'Art Dramatique de Marignane, deux années d’études en hypokhâgne/khâgne spécialité dramaturgie et deux autres au Conservatoire de Marseille, il achève sa formation à l’Ecole Supérieure du Théâtre National de Strasbourg (TNS) dont il sort en 2010. Il joue notamment sous la direction de J. Boillot, J.Jouanneau, S. Braunschweig, A. Bourseiller, E. Pieiller, D. Bezace, L. Wurmser, C. Lagrange, G. Pisani, J. Timmerman, C.Arthus... Depuis 2013 et sa rencontre avec Olivier Letellier, avec lequel il reprend notamment le spectacle Oh Boy !, créé La Mecanique du Hasard en 2018, KiLLT La Mare à Sorcières en 2023, il consacre l'essentiel de son temps à la mise en oeuvre de tout ce que les arts vivants et le récit permettent pour aller à la rencontre de la jeunesse, notamment, et du public en général, et nouer avec lui un échange permettant une transmission mutuelle des histoires, des savoirs, des émotions et de la parole.
Nicolas Hardy
Nicolas se forme à l'école Claude Mathieu. Il constitue avec Sarah Sumalla un groupe de travail avec lequel il adapte à la scène Persepolis de Marjane Satrapi. Avec le même noyau artistique, il monte Sallinger de Bernard-Marie Koltès.
En tant que comédien, il joue avec Etienne Gaudillère dans la fresque historique et politique Cannes 39-90 puis dans Nos vies comme des songes. Il est dirigé par Louise Bataillon dans Étude du premier amour, une création construite à partir d’improvisations ; dans l’Asticot, il est plongé dans l’univers gestuel de David Torres ; avec Camille Faye et sa Baal Compagnie, il joue dans Yvonne. Il participe également à la websérie Projet Pieuvre depuis sa création. Par ailleurs, il a rejoint les rangs des comités de lecture de Jeunes Textes en Liberté et de Scènes Appartagées dont les aspirations artistiques et politiques rencontrent son désir.
Avec Chloé Chazé, fort d’une collaboration de plus de 10 ans, ils fondent le collectif Déplumé dans lequel ils établissent une méthode de travail qui prend en charge toutes les étapes de création et de production. Nicolas finalise actuellement l’écriture de son premier texte : Nos silences.
Chloé Marchand
Née le 30 septembre 1991, elle pratique le théâtre en amateur dans sa jeunesse et encadre des ateliers théâtre et de création de spectacle avec des enfants et des adolescents. En 2016, elle créé sa première compagnie de théâtre amateur Démasqués. En 2018 elle intègre la licence professionnelle d’encadrement d’ateliers de pratique théâtrale à la Sorbonne-Nouvelle. Au cours de cette expérience, elle est assistante à la création de Lucie Valon pour le projet Massacre du printemps.
En 2019, elle créé avec trois consœurs, la compagnie Les Envolé⋅e⋅s au sein de la Sorbonne-Nouvelle, dans laquelle elles proposent des ateliers théâtre et de création destinés en priorité aux personnes exilées, bénévoles d’association et étudiants de l’université.
Elle poursuit également son travail d’intervention d’atelier en intégrant en 2020 la compagnie Le Théâtre du phare. En 2021, elle joue dans la dernière création de la Compagnie des marlins, La Révolte d’Épictète mise en scène par Maryline Klein.
Geoffrey Perrin
Geoffrey Perrin se forme en tant que comédien au Cours Simon où il reçoit un enseignement classique avant d’intégrer l’école Jacques Lecoq qui explore le corps poétique et le mouvement. En 2011 il est admis à l’ERACM, école nationale d’acteurs basée à Cannes et Marseille. Il étudie auprès d’enseignants qui détermineront son rapport à la scène, comme Catherine Germain qui l’initie au clown ou Martial Di Fonzo Bo au travail d’interprétation. En 2014 il rejoint la troupe du spectacle du Prince de Hombourg de Heinrich Von Kleist mise en scène Giorgio Barberio Corsetti. La même année il collabore avec Catherine Marnas pour un spectacle international, N’enterrez pas trop vite Big Brother de Driss Ksikes. En 2015 il est membre actif d’un lieu de recherche artistique implanté à l’Estaque à Marseille : la Déviation. C’est dans cet espace qu’il précise son projet théâtral. Après l’obtention du DE, Geoffrey Perrin enseigne le théâtre au sein des conservatoires mais aussi dans l’éducation nationale pour les classes théâtres en lycée. En 2022 il retrouve le metteur en scène Frédéric Grosche pour un spectacle autour de l’oeuvre de Benjamin Fondane. En 2023 Geoffrey Perrin fonde le collectif Graines En Corps en tant que metteur en scène. La même année il rejoint l’équipe des Tréteaux de France.